2015/10/10

Démocratie par anticipation

Suis allée voter par anticipation hier.

J'ai eu l'occasion de croiser des personnes âgées, qui, consciencieuses, faisaient la file pour exercer leur devoir de citoyen.
Au bureau d'Élection Canada où j'étais allée m'inscrire sur la liste électorale, elles étaient quelques unes à venir faire un "vote spécial".

L'une d'elle, une dame qui avait de la difficulté à marcher  et qui tentait de bien comprendre ce qu'on lui expliquait, n'avait pas tous ses papiers pour s'identifier.
C'était une femme très marquée par l'âge. Les nombreuses années passées sans ses dents lui avaient donné un profil d'oiseau, sans menton, toute en nez, toute en bec.
De toute évidence, l'expédition qu'elle venait d'accomplir pour arriver jusqu'aux bureaux d'Élection Canada lui avaient pris beaucoup de son énergie.
On lui a demandé si elle pouvait venir avec quelqu'un qui aurait témoigné de son identité.
-Non, j'ai personne, j'ai 82 ans et je suis seule.

 (là ça a fait "crac" dans mon coeur)

-Avez vous des factures à votre nom? Un compte de téléphone?
-.C'est ... qui s'occupe de payer mes comptes... (il me semble qu'elle parlait d'une résidence ou quelque chose du genre)
-Vous pouvez peut-être voter par la poste?
-Oui, mais, je ne sais pas où est le bureau de poste? Est-ce que c'est loin d'ici? Moi, j'arrive d'Angrignon (c'est à une bonne douzaine de kilomètres du bureau où on était).

Je sentais en elle un mélange de détermination et de dénuement.
Elle est repartie lentement, avec sa canne, seule.
Elle m'a jeté un regard crispé dans lequel j'ai perçu non pas une plainte, mais de la résignation.
Je n'ai pas soutenu son regard très longtemps.
Comme elle était venue d'assez loin. je me suis demandé si elle reviendrait plus tard, demain ?

Au moment où ça a craqué dans ma poitrine, je pensais à toutes ces vielles personnes seules qui finissent souvent leur vie dans un mini appartement sans quelqu'un de significatif pour les soutenir, les accompagner dans les situations un peu plus compliquées, pour se souvenir avec elles des moments importants de leur vie et pour affronter les soucis du quotidien... ensemble.

Ce sont pour la plupart des femmes parce que notre espérance de vie est plus grande que celle des hommes.

Ça a l'air que c'est ça le progrès, qu'on en en est là dans notre évolution et que... c''est ainsi que les hommes vivent.

2015/09/16

Complexe domiciliaire

Il y a quelques semaines, j'ai découvert ces 2 cabanes sous mon balcon...

En un sens, elles ressemblent à ma propre maison, avec leurs toits métalliques.
En les ajoutant aux deux autres déjà installées dans les arbres, je poursuivrai la création d'un véritable complexe domiciliaire d'une remarquable unité architecturale: des cottages d'une autre époque
avec beaucoup de bois et des fenêtres originales
Deux magnifiques cabanes à oiseaux trouvées sous le balcon de ma nouvelle maison


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 Cabane avec un nez de Pinocchio

Cabane au plancher défoncé

Cabane de Fonatine

2015/07/24

La liberté et l'engagement ou l'insoutenable légèreté de l'être

J'emprunte le titre de mon billet au roman de Kundera, qui m'avait tant marqué alors que j'étais jeune adulte.

Vouloir rester parce qu'on s'est engagée.
Rechercher l'engagement parce que c'est la source du bonheur.
Vouloir prendre racine, espérer l'éternité.
S'appuyer sur hier pour construire demain.

Comprendre qu'il faut partir parce que le chemin est bouché et qu'ailleurs d'autres routes peuvent s'ouvrir.
Apprécier les accidents de la routes, les rencontres fortuites sans lendemain.
Aller là où le vent nous porte.
N'offrir aucune résistance au changement, vivre dans le flux, ici et maintenant dans le seul instant présent.


Un ami vit une crise comme je ne l'avais jamais vu...  Cela fera 35 qu'il est avec la même femme... c'est pas rien... et tout semble basculer sans qu'il n'y comprenne rien.
Un autre fête 40 ans de vie commune avec sa complice. L'amour entre les deux est toujours palpable.

Je ne sais que penser de tout cela, même si je n'ai jamais envié leur vie, il y a là un mystère que je ne connaîtrai jamais. Deux êtres unissent leur vie et s'engagent "pour le meilleur et pour le pire" comme on dit.
Effleurer ce mystère, l'envisager, me fait du bien...

Je travaillais pour la CSDM depuis 1986... c'est un long engagement... quand je suis partie, j'ai reçu une carte cadeau de 25$ de la part de mon supérieur immédiat, sans plus de cérémonie...
Je pense qu'ils feront un cocktail en octobre pour fêter tous les retraités... c'est weird....ça ne me rend pas triste, ça ne fait que m'aider à me rappeler que tout passe et que  le monde est impermanent.

Si on s'illusionne sur le contraire, on est comme un muscle qui refuse de bouger dans un corps en mouvement... une crampe quoi... ça n'est pas efficace et en plus ça fait mal.

Pourtant mon engagement envers mon employeur a été total,  il m'a rendue heureuse la plupart du temps, m'a permis de gagner ma vie  et le respect de mes collègues en faisant quelque chose qui avait du sens pour moi.

Une fois qu'on est morte, on devient du compost et c'est très bien ainsi. Voilà pourquoi il m'importe tant d'être vivante, maintenant.

2015/06/08

Maison-diva

J'ai passé ma fin de semaine à faire des petits travaux à la maison. 
C'était un festival de réparations. 
Y'avait Bernard et Peter, qui étaient heureusement venus m'aider. Moi, je jouais à l'infirmière qui assiste les chirurgiens: j'apportais le tournevis, allais chercher les pinces, courais la lampe de poche, décapsulais une bière, préparais du thé glacé...


Depuis quelques semaines, on dirait que ma maison, qui sait que je veux la vendre, me fait des petites crises de diva en se brisant à toutes sortes d'endroits inattendus. 


-Ne me quitte pas, qu'elle me crie. Personne ne va m'aimer comme je suis, j'ai besoin de parures neuves, j'ai des mauvaises herbes, je suis trop remplie, je suis pleine de poussière, aïe! ma sonnette ne sonne plus, la switch de ma pompe est kaput, ma douche a perdu un morceau, mon ...


Ses récriminations sont sans fin. Moi, je tente de la contenter un peu, en espérant qu'elle ne fera pas trop mauvaise impression face à son futur acheteur. Je lui ai acheté un chauffe-eau tout neuf, j'ai promis de lui donner quelques coups de pinceau, je l'encourage à perdre quelques kilos en trop (on est dans la métaphore, ici. En fait, j'essaie simplement de la vider un peu).


Allez, jetez un oeil, n'est-ce pas qu'elle est jolie?


2015/02/18

Combien tu gagnes?

«Trop et pas assez?»

J'ai presque fait tous les niveaux en enseignement. La 5e et la 6 e année du primaire, le secondaire 1,2, 4 et 5, l'alphabétisation, le présecondaire, le secondaire et la francisation à l'Éducation des adultes.
J'ai parfois eu des moments difficiles et j'ai dû abandonner une partie de mes illusions. Tout ne serait pas facile comme je l'avais imaginé. Il y a eu des journées où j'ai douté de ma capacité à intéresser, à motiver, à faire apprendre. Il y a eu des mois de mai où, découragée, je me suis demandée si je consacrerais le reste de ma vie à enseigner la règle du participe passé. Il y a eu des journées où je n'étais plus sûre de pouvoir intéresser suffisamment mes élèves à l'histoire, à l'économie, à la géométrie, à la poésie...
Pourtant, surtout, émaillant mon parcours d'enseignante, j'ai senti et ressenti que j'étais parfois capable d'offrir à mes étudiants des clés pour sortir de la prison de l'ignorance.
C'est arrivé quand Denise, cette maman analphabète m'a dit:: «Grâce à toi Hélène, je serai capable de lire la carte de la fête des mères que ma fille me donne à chaque année» ou, quand Paul, cet ex-camionneur devenu aveugle en raison du glaucome, m'a raconté la fierté qu'il avait de terminer son secondaire, lui qui n'avait qu'une 3e année, quand ces témoignages, ces regards, ces actions m'ont permis de croire que je participais un peu à ma façon à changer des vies.
Dans ces moments, je rentrais à la maison tellement fière de moi que je me disais: «Et dire que je suis payée pour faire ça!». Et je disais à mes élèves: «C'est ce que tu réalises devant moi qui est ma plus belle paie»

Dans cette vidéo, on peut entendre un slammer décrire tellement «combien fait un enseignant, une enseignante?»


On peut voir et entendre le même slam avec des sous-titres français ici:
http://positivr.fr/combien-gagne-un-prof/

«... et si tu juges une personne à ce qu'il gagne (en $) tu ne mérites pas mon attention... ce que je gagne, c'est l'occasion de changer des vies.»
Il est à ce dîner, comme il est en classe, si tu le cherches, tu le trouves.
BRAVO!

Maintenant, une fois qu'on a dit ça, il faut quand même pas pousser mémé dans les orties.
Des conditions de travail et un salaire à la hauteur de l'importance de la tâche sont essentiels.

Si on nous cherche, on va nous trouver!