2014/07/23

25 ans d'Olibilou

Aujourd'hui vers15h27, ce sera son quart de siècle et mes noces d'or avec Olivier Normandin, mieux connu sous le nom de Olibilou Dit Bilou, né à Montréal, d'une maman normale, sur l'air de Don't worry be happy" de Bobby MacFerrin.

Cette journée-là, tout s'est absolument passé en douceur. Mais Olivier, lui, criait tellement fort qu'il a fait rire tout le personnel de l'hôpital.

Joyeux anniversaire mon bébé!


Alors que ton papa appelait la famille pour annoncer la bonne nouvelle et que tante Louise prenait des photos, moi, je te contemplais et te tenais enfin dans mes bras. Tu es encore tout crémeux, pas lavé.

Photo de Hélène Fontaine.

2014/07/18

le comté d'un prince nommé Édouard



Le prince Edward County

C'est tout à çoté de chez nous, pourtant, quand j'ai dit à mes amis que j'y allais faire un tour, peu d'entre eux connaissaient ou y étaient déjà allés.
Alors si je vous dit Sandbanks?
Ah oui bien sûr! C'est magnifique.
Je suis allée y passer 5 jours. C'est en effet magnifique. Et tellement pas loin.
Je triche un peu et vous ajoute des photos disons.... entre Kingston et Coboug.

Lemoine Point Conservation Area


Bien sûr, pas besoin d'aller très loin pour trouver des asclépiades, mais ici au Lemoine Point Conervation area, leur parfum, en cette fin de soirée de début de juillet était si capiteux et sucré que c'est le principal souvenir qu'il me reste de ma balade en vélo.


De nombreux lieux de détente le long du lac Ontario dans ce parc provincial.


Entre Kingston et Colborne ce soir là, l'air était parfait. Les fleurs exhalaient un parfum sucré et entêtant. Le soleil se couchait très lentement en colorant le ciel comme un peintre halluciné. J'ai, à ce moment, très bien senti comme la vie est précieuse et courte. L'été vient tout juste de commencer et déjà les journées raccourcissent. On touche à peine à un peu de sublime, à une certaine apothéose, le solstice d'été,  qu'il faut déjà  l'abandonner doucement. On ne peut rien retenir. Tout passe, et nous avec.

Le parc de Presqu'ile

André Reny devant le phare du parc de Presqu'Ile.


J'ai enlevé mes sandales pour toucher l'eau qui était, au pied du phare... glaciale, mais, oh combien jolie


Les cèdres blancs dont la déformation a attiré des milliers de derrières et qui sont sûrement les arbres les plus souvent photographiés de la région. On dirait qu'ils ont été vernis par le frottement des popotins.

 


Plage municipale de Wellington vu de mon camion. L'eau y est turquoise comme...

...à la marina de la petite ville

Parc de Presqu ïle, près de Brighton

Deseronto

Bout de plage secrète de doux galets

On se croirait en Bourgogne, on est près du Lac Consecon, sur une des nombreuses route des vins


Un autoportrait avec André Reny, dans le restaurant boutique d'antiquités "The end of the thread" à Brighton

 



 




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2014/07/13

L'amour comme le lait

On utilise, complètement à tort, l'expression "montée de lait" pour parler d'un coup de colère irrépressible. Je déteste ce détournement de sens. D'accord pour l'irrépressible, évidemment pas pour la colère. Parce que le lait ce n'est pas de la colère. Tout au contraire.

Adolescente, je me souviens avoir tenu mes nouveaux petits seins dans mes mains en me demandant comment diable il pourrait en sortir du lait... un jour. Mon incrédulité était totale: "Pas moi, je ne serai jamais capable de faire ça! Ça ne sortira pas." Il y avait comme un sentiment d'indécence un brin dégoûtée dans l'idée que du liquide sortirait de moi et que quelqu'un en mangerait.

??!! beurk... comme une vache?

Puis, plusieurs années plus tard, l'expérience est arrivée.

Dans les jours qui ont suivi la naissance de Charles, mon premier enfant, le cul amoché par un accouchement "fulgurant", presque incapable de m'asseoir tellement ça faisait mal, je me suis retrouvée avec deux ballons gonflés et douloureux à la place de mes jolis bijoux de décolleté. Tellement pleins, que Charles était incapable de les téter. Les mamelons étant disparus dans l'enflure, il n'avait pas de prise pour aller chercher son lait. Il a fallu que je trouve le moyen "mécanique" de laisser couler un peu de cette liqueur pour débloquer le canal qui allait se tisser entre lui et moi. Ce que j'ai fait, je vous passe les détails.
C'est comme ça que ça a commencé.

C'est quoi le rapport entre l'amour et le lait?

La situation est venue, simplement.
Pendant six mois, il était là, assoiffé, affamé. Mes seins étaient là, remplis de lait à lui offrir.

Quand il avait bu, il allait mieux, j'allais mieux. Tout le monde allait mieux.
J'expérimentais un miracle tout simple et banal, sans que ma volonté ou ma grandeur d'âme n'y aient été pour quoi que ce soit.
Et j'étais reconnaissante et fière de cette nouvelle faculté que je découvrais en moi. Je savais fabriquer quelque chose de vraiment précieux,  pour offrir à quelqu'un. Ce quelqu'un l'a pris parce que c'était bon pour lui. Notre échange tacite nous a fait grandir tous les deux.

Mais, qui donc gagnait le plus dans cet échange?
À première vue, c'est le bébé qui boit non?
Pensons-y un peu. Il y gagne clairement. Ce lait est essentiel à sa survie.
Et il en a bien profité en prenant une livre par semaine au début.

Mais moi, comme adulte, qui avait fini de grandir dans mon corps, mais qui était loin d'avoir compris tout ce ce qu'il y a à comprendre, j'y gagnais quoi?

Si le bébé avait refusé ou n'avait pas été capable de boire, je n'aurais eu d'autre choix que de bander mes seins, prendre un quelconque médicament pour faire cesser le jaillissement, redevenir sèche à nouveau.

Enfin! normale.

J'aurais vécu cet épisode comme une poussée de fièvre dont il faut guérir.

Mais, au contraire et heureusement, parce qu'il prenait ce qui était offert, j'y ai gagné cette révélation incomparable: Je possédais, moi aussi, une puissance quasi miraculeuse dont j'avais toujours doutée. Je pouvais, en laissant simplement les choses arriver, en débloquant doucement et fermement le canal, laisser jaillir une source vitale, immense, nourrissante et sucrée, du lait comme de l'amour.

Ehhh! J'ai dit "amour"?
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Et c'était bon.... et simple.

Les enseignements de mon aimable corps m'avaient fait comprendre qu'il n'y a pas de honte ou d'indécence à être emplie de lait à offrir..Ce sont des choses qui arrivent quand il le faut. Et c'est très bien ainsi. Cela arrive, puis se termine. Il vient un temps où pour toutes sortes de raison, le lait n'est plus aussi nécessaire au bébé ou alors que la mère n'a plus toute  la disponibilité pour en offrir. Alors,  les seins cessent doucement d'en fabriquer. Ils redeviennent plus petits, plus secs, mais gardent avec gratitude la mémoire de ce qu'ils ont vécu.
Quelques mois plus tard, j'allais retrouver l'expérience, à la fois semblable et différente, quand Olivier, à son tour, me ferait revivre cette grâce, cette fois, plus facilement, plus doucement mais tout aussi intensément.

Voilà pour l'histoire du lait.

Bien du temps a passé pour moi depuis cette découverte.

Revenons donc à l'amour et au lait.

Ben, dans ce cas, le cas de l'amour quoi, ce ne sont pas mes seins qui sont gonflés de lait. C'est mon coeur qui est gonflé de boum boum. C'est ma poitrine qui dégèle doucement. C'est mon sang qui circule. Mon cerveau qui grésille,  qui découvre et veut découvrir encore. Mes oreilles qui veulent écouter. Ma gorge qui chante. Mes jambes qui dansent. Mes mains qui touchent. Ma tête qui veut se déposer. Mes doigts qui pianotent sur le clavier et qui ajoutent plein de ponctuations.  Mon nez qui cherche et reconnaît les odeurs. Mes yeux qui s'ouvrent, voient de nouvelles couleurs puis se referment fatigués. Ma bouche qui parle trop. Ma langue qui s'étire, trop bien pendue. Mon front qui se plisse. Et j'écris, j'écris... Et je lis. Et je ris et pleure plus que jamais. C'est un mouvement, une ouverture inattendue .. irrépressible, un jaillissement heureux, dérangeant et terrifiant,  mais.... pas honteux.

Ça, je dois admettre que c'est plus facile à dire qu'à vivre.
Parce que la peur de tomber dans l'indécence des sentiments, je connais. J'ai été certifiée en discrétion des émois. J'ai été nourrie au biberon de la dignité victorienne.

Pourtant, si je lui accorde un peu mon attention, mon corps toujours si sage me chuchote:
"Y'a pas de honte ni d'indécence à montrer ton coeur bien gorgé. Il n'y a pas de danger. C'est quelque chose qui arrive et c'est très bien ainsi. Ceux qui se moquent n'ont rien compris. Toi tu le sens et tu en profites. il était temps que tu me secoues un peu, ça rouillait ici.
Répète bien ce mantra.
Si c'était si facile à comprendre pour le lait, tu devrais pouvoir le comprendre pour l'amour.
C'est une faculté miraculeuse en toi. Un petit moteur. Une génératrice. Une énergie vitale qui a toujours été là, que tu connais, qui veut jaillir, mais qui n'en a pas trouvé l'occasion depuis longtemps. Ne la bande pas, ne la compresse pas. Utilise-la, canalise-la. il n'y a ni orgueil ni dignité à rester sèche et froide. Pas de honte de ce que tu ressens.
Ce n'est pas une maladie dont il faut guérir, c'est la vie qui remonte et coule généreusement en toi.
Contemple, remercie, apprécie et offre, c'est ce que tu as de mieux à faire pour le moment.

Et ... essaie de le dire, tu verras ben qu'on n'en meurt pas"... et que... de toutes façons, ça ne passera pas aux nouvelles. Dans les chaumières, on parlera davantage du résultat de la Coupe du Monde.

Alors, je l'écris dans un élan impudique et rigolant.

Comme on montre avec fierté et sans gêne qu'on sait aller à bicyclette en lâchant le guidon, qu'on peut rester sous l'eau 2 minutes sans respirer, qu'on est capable de soulever une grosse haltère, qu'on peut chanter les notes sur deux octaves, qu'on peut faire pousser des tomates ou qu'on a trouvé la plus magnifique talle de bleuets au détour d'un chemin.

Ou, peut-être, comme, je viens tout juste de me souvenir, comme quand, petite fille, sans avertissement, j'ai baissé mes caleçons à dentelle  fleurie et  que j'ai montré mes fesses aux oncles et aux tantes réunis dans le salon pour amuser la galerie, faire choquer tout le monde et aussi, un peu, pour montrer que je n'avais peur de rien.
Évidemment, ça a fini dans ma chambre avec une courte fessée: "Si tu les montres c'est que tu veux les faire taper!"
Je me souviens trop bien de ma naïve colère devant cette censure inattendue, cuisante et surtout humiliante et combien j'avais un peu, pas mal regretté mon geste. Mais ça c'est une autre histoire. Je disgresse.

Bref, l'amour c'est un peu comme le lait.
C'est une faculté qu'on a, qu'on peut oublier et qui revient pour être offerte.
Et mon coeur, comme mes seins, n'en sont que plus sereins et plus pleins de laisser cela jaillir et couler sans retenue.



Pensez-y un peu la prochaine fois que vous entendrez  quelqu'un s'écrier à tort et à travers qu'il fait "une montée de lait".